TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
4 participants
Page 1 sur 1
TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
Le tourisme de masse est un désastre écologique
Le lundi 13 juillet 2020, à 21h57 par Véronique Bayle
Nous publions ce coup de gueule d'une riveraine du Toulourenc qui soulève la question d'une surexploitation de la capacité touristique de ce cours d'eau sans concertation avec les habitants et les propriétaires, et sans considération des données écologiques. La Tribune du 9 juillet a fait sa "une" sur la question et largement donné la parole aux élus et aux démarches engagées - largement infructueuses - mais pas aux habitants eux-mêmes. Nous rappelons que la législation de ce type de cours d'eau (dont les riverains sont propriétaires, sauf de l'eau elle-même qui est un bien commun) ne prévoit aucunement comme servitude de pouvoir se balader dans le lit de la rivière. En outre, le Toulourenc est un site Natura 2000 mais aussi dangereux : la montée des eaux est imprévisible en cas d'orage et l'évacuation des personnes malaisée. Notons enfin l'arrêté du maire de St Léger du Ventoux d'interdiction d'accès, en date du 24 juin.
Aux confins de deux communes, deux départements et deux régions administratives serpente le ruisseau- à peine rivière, du Toulourenc. Un petit cours d'eau capricieux qui prend sa source au pied du Mont Ventoux et se jette dans l'Ouvèze au lieu-dit 'les Trois Rivières'. Au sortir de l'hiver, fontes de neiges et pluies orageuses obligent, le ruisseau se transforme en torrent. Il charrie alors ses embâcles et remanie son lit.
Son lit. Le lit du Toulourenc est un bien privé, tout comme ses berges et son éventuelle exploitation. Chaque propriétaire riverain possède la ripisylve attenante au terrain, la berge et la moitié du lit jusqu'à la propriété d'en face.
Depuis toujours, dès le retour des beaux jours, la tradition locale veut qu'on se balade en famille dans le lit du ruisseau, alors presque à sec.
Depuis une dizaine d'années, la réputation du site a débordé le lit du Toulourenc.
Réseaux sociaux, offices du tourisme, bouches à oreilles… des centaines, puis des milliers de badauds ont commencé de déferler pour profiter de l'aubaine : un peu de fraîcheur au cœur de l'été que les exploitants commerciaux en tout genre ont vite rebaptisée : randonnée aquatique.
Aujourd'hui jusqu'à 2500 personnes piétinent le lit de la rivière chaque jour entre juin et septembre. Des milliers de chiens aussi.
Le lit du Toulourenc est un bien privé, tout comme ses berges et son éventuelle exploitation. Pourtant les riverains n'ont pas leur mot à dire et les pouvoirs publics se désengagent de toute responsabilité quant à la fréquentation du site. Deux parkings ont même été aménagés pour accueillir un maximum de monde.
Quotidiennement, des milliers de touristes, locaux ou pas, débordent des parkings, garent des centaines de véhicules dans les vignes et les chemins, interdisant parfois l'accès aux habitations, obligeant les riverains à klaxonner, attendre, demander (aimablement sous peine d'agression verbale, voire physique) de pouvoir accéder à leurs chemins privés, leurs jardins, leurs maisons.
Le Toulourenc est devenu un bien public, accessible à tous et sans condition : aucune restriction, ni dans les dates de fréquentation (reproduction de la faune ?), ni dans l'usage du lieu (barbecues, musique…), aucun respect du code de la route : stationnements sauvages, (quasi jusque dans le lit du ruisseau), pollution grave et durable (dépôts de déchets et déjections canines et humaines dans la ripisylve…) et exploitation commerciale du lieu (marchand de glaces, accompagnements de groupes de randonneurs…). Pas l'ombre d'un képi pour faire respecter la loi, aucune écoute ou recueillement des plaintes justifiées des propriétaires du site.
Pourtant à l'automne, lorsqu'il s'agit de nettoyer les berges après l'afflux estival, le Toulourenc redevient un cours d'eau privé : les pouvoirs publics n'ont rien à voir avec le nettoyage des déchets entreposés partout alentour. Les propriétaires du site n'ont qu'à évacuer les sacs poubelles, les déjections et autres déchets plastiques puisqu'ils possèdent la rivière, son lit et ses berges.
A la fin de la saison, une fois les visiteurs partis, les parkings gardent une utilité : plusieurs week-ends par an, ils accueillent des manifestations de sports mécaniques : courses automobiles, rallyes, courses motos, vélos, quad et autres kartings.
Ces jours-là, la route communale est privatisée.
C'est-à-dire que le domaine public : la route, celle qui sert à circuler, à faire ses courses, emmener les gosses au sport… à sortir de chez soi en somme, cette route que les locaux contribuent à entretenir, refaire, élargir, nettoyer… devient privée l'espace de quelques jours.
Ces jours-là, les riverains du Toulourenc sont priés de rester chez eux. Ou de sortir très tôt matin pour rentrer tard, après les festivités auxquelles ils ne sont pas vraiment conviés, qui les obligent à fermer portes et fenêtres pour échapper autant que faire se peut au bruit épouvantable et aux odeurs de carburant.
Privé ? Public ?
Finalement depuis le Moyen Âge, rien n'a vraiment changé sur le fond : les gueux n'ont rien qui soit vraiment à eux.
Les gueux se doivent d'entretenir les espaces communs qui permettent de conserver un genre de paix sociale (mais où iraient ces gens débarqués des cités voisines puisque les piscines municipales ont fermé, que les plans d'eau sont tous soumis à réglementation pour la baignade… ?).
Les sports mécaniques sont un parfait exemple de la permanence des privilèges : une activité viriliste, tout comme la chasse des anciens seigneurs, qui se pratique autoritairement (c'est à peine si les habitants sont informés, mais en aucun cas consultés), sur un territoire censé être public mais privatisé pour l'occasion et qui n'a pour conséquence que de bloquer les gens ordinaires chez eux, d'abîmer durablement la chaussée sans rapporter le moindre centime aux communes traversées.
Il faut bien que ces privilégiés, qui brûlent en une journée la consommation annuelle d'un véhicule ordinaire, puissent eux aussi s'amuser un peu…
Quand nos élus parlent d’écologie, de quelle écologie parlent-ils ?
Le lundi 13 juillet 2020, à 21h57 par Véronique Bayle
Nous publions ce coup de gueule d'une riveraine du Toulourenc qui soulève la question d'une surexploitation de la capacité touristique de ce cours d'eau sans concertation avec les habitants et les propriétaires, et sans considération des données écologiques. La Tribune du 9 juillet a fait sa "une" sur la question et largement donné la parole aux élus et aux démarches engagées - largement infructueuses - mais pas aux habitants eux-mêmes. Nous rappelons que la législation de ce type de cours d'eau (dont les riverains sont propriétaires, sauf de l'eau elle-même qui est un bien commun) ne prévoit aucunement comme servitude de pouvoir se balader dans le lit de la rivière. En outre, le Toulourenc est un site Natura 2000 mais aussi dangereux : la montée des eaux est imprévisible en cas d'orage et l'évacuation des personnes malaisée. Notons enfin l'arrêté du maire de St Léger du Ventoux d'interdiction d'accès, en date du 24 juin.
Aux confins de deux communes, deux départements et deux régions administratives serpente le ruisseau- à peine rivière, du Toulourenc. Un petit cours d'eau capricieux qui prend sa source au pied du Mont Ventoux et se jette dans l'Ouvèze au lieu-dit 'les Trois Rivières'. Au sortir de l'hiver, fontes de neiges et pluies orageuses obligent, le ruisseau se transforme en torrent. Il charrie alors ses embâcles et remanie son lit.
Son lit. Le lit du Toulourenc est un bien privé, tout comme ses berges et son éventuelle exploitation. Chaque propriétaire riverain possède la ripisylve attenante au terrain, la berge et la moitié du lit jusqu'à la propriété d'en face.
Depuis toujours, dès le retour des beaux jours, la tradition locale veut qu'on se balade en famille dans le lit du ruisseau, alors presque à sec.
Depuis une dizaine d'années, la réputation du site a débordé le lit du Toulourenc.
Réseaux sociaux, offices du tourisme, bouches à oreilles… des centaines, puis des milliers de badauds ont commencé de déferler pour profiter de l'aubaine : un peu de fraîcheur au cœur de l'été que les exploitants commerciaux en tout genre ont vite rebaptisée : randonnée aquatique.
Aujourd'hui jusqu'à 2500 personnes piétinent le lit de la rivière chaque jour entre juin et septembre. Des milliers de chiens aussi.
Le lit du Toulourenc est un bien privé, tout comme ses berges et son éventuelle exploitation. Pourtant les riverains n'ont pas leur mot à dire et les pouvoirs publics se désengagent de toute responsabilité quant à la fréquentation du site. Deux parkings ont même été aménagés pour accueillir un maximum de monde.
Quotidiennement, des milliers de touristes, locaux ou pas, débordent des parkings, garent des centaines de véhicules dans les vignes et les chemins, interdisant parfois l'accès aux habitations, obligeant les riverains à klaxonner, attendre, demander (aimablement sous peine d'agression verbale, voire physique) de pouvoir accéder à leurs chemins privés, leurs jardins, leurs maisons.
Le Toulourenc est devenu un bien public, accessible à tous et sans condition : aucune restriction, ni dans les dates de fréquentation (reproduction de la faune ?), ni dans l'usage du lieu (barbecues, musique…), aucun respect du code de la route : stationnements sauvages, (quasi jusque dans le lit du ruisseau), pollution grave et durable (dépôts de déchets et déjections canines et humaines dans la ripisylve…) et exploitation commerciale du lieu (marchand de glaces, accompagnements de groupes de randonneurs…). Pas l'ombre d'un képi pour faire respecter la loi, aucune écoute ou recueillement des plaintes justifiées des propriétaires du site.
Pourtant à l'automne, lorsqu'il s'agit de nettoyer les berges après l'afflux estival, le Toulourenc redevient un cours d'eau privé : les pouvoirs publics n'ont rien à voir avec le nettoyage des déchets entreposés partout alentour. Les propriétaires du site n'ont qu'à évacuer les sacs poubelles, les déjections et autres déchets plastiques puisqu'ils possèdent la rivière, son lit et ses berges.
A la fin de la saison, une fois les visiteurs partis, les parkings gardent une utilité : plusieurs week-ends par an, ils accueillent des manifestations de sports mécaniques : courses automobiles, rallyes, courses motos, vélos, quad et autres kartings.
Ces jours-là, la route communale est privatisée.
C'est-à-dire que le domaine public : la route, celle qui sert à circuler, à faire ses courses, emmener les gosses au sport… à sortir de chez soi en somme, cette route que les locaux contribuent à entretenir, refaire, élargir, nettoyer… devient privée l'espace de quelques jours.
Ces jours-là, les riverains du Toulourenc sont priés de rester chez eux. Ou de sortir très tôt matin pour rentrer tard, après les festivités auxquelles ils ne sont pas vraiment conviés, qui les obligent à fermer portes et fenêtres pour échapper autant que faire se peut au bruit épouvantable et aux odeurs de carburant.
Privé ? Public ?
Finalement depuis le Moyen Âge, rien n'a vraiment changé sur le fond : les gueux n'ont rien qui soit vraiment à eux.
Les gueux se doivent d'entretenir les espaces communs qui permettent de conserver un genre de paix sociale (mais où iraient ces gens débarqués des cités voisines puisque les piscines municipales ont fermé, que les plans d'eau sont tous soumis à réglementation pour la baignade… ?).
Les sports mécaniques sont un parfait exemple de la permanence des privilèges : une activité viriliste, tout comme la chasse des anciens seigneurs, qui se pratique autoritairement (c'est à peine si les habitants sont informés, mais en aucun cas consultés), sur un territoire censé être public mais privatisé pour l'occasion et qui n'a pour conséquence que de bloquer les gens ordinaires chez eux, d'abîmer durablement la chaussée sans rapporter le moindre centime aux communes traversées.
Il faut bien que ces privilégiés, qui brûlent en une journée la consommation annuelle d'un véhicule ordinaire, puissent eux aussi s'amuser un peu…
Quand nos élus parlent d’écologie, de quelle écologie parlent-ils ?
jmvdbk- Administrateur
- Nombre de messages : 8666
Localisation : Buis les Baronnies
Date d'inscription : 25/04/2008
Re: TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
A fond d'accord! Le Léoux et tant d'autres....
Le confinement avait ça de bon! la nature respirait...
(En plus y'a un vrai style dans l'écriture)
Le confinement avait ça de bon! la nature respirait...
(En plus y'a un vrai style dans l'écriture)
clou de base- Nombre de messages : 2288
Localisation : Aubres 0645632686
Date d'inscription : 03/01/2009
Re: TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
La Véronique Bayle, elle est folle furieuse. Elle loue une maison au bord du Toulourenc à Vaux.
Chaque matin elle y trouve des tentes pleines de campeurs, des bouteilles de bière, des déchets, des merdes, des restes de feu ...
elle s'est fait agresser verbalement plusieurs fois en faisant remarquer aux visiteurs indélicats que c'était une propriété privée.
Elle veut assigner le Maire en justice
Je n'y croyais pas trop, mais sa colère lui donne l'énergie de la révolte. Elle remue bien.
Il serait temps. La nature nous a montré qu'elle se régénérait vite quand elle n'est pas trop esquintée.
Il faut absolument préserver cette merveille, quitte à en limiter fortement l'accès.
Chaque matin elle y trouve des tentes pleines de campeurs, des bouteilles de bière, des déchets, des merdes, des restes de feu ...
elle s'est fait agresser verbalement plusieurs fois en faisant remarquer aux visiteurs indélicats que c'était une propriété privée.
Elle veut assigner le Maire en justice
Je n'y croyais pas trop, mais sa colère lui donne l'énergie de la révolte. Elle remue bien.
Il serait temps. La nature nous a montré qu'elle se régénérait vite quand elle n'est pas trop esquintée.
Il faut absolument préserver cette merveille, quitte à en limiter fortement l'accès.
jmvdbk- Administrateur
- Nombre de messages : 8666
Localisation : Buis les Baronnies
Date d'inscription : 25/04/2008
Re: TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
La prochaine dictature sera écologiste...et non numérique ou néo-nazie.
Je le déplore et pourtant, je ne vois pas d'autre issue à cette espèce folle qu'est l'homo-"sapiens".
Je le déplore et pourtant, je ne vois pas d'autre issue à cette espèce folle qu'est l'homo-"sapiens".
eric- Nombre de messages : 1606
Age : 67
Localisation : St Sauveur Gouvernet 04 75 27 31 99 /06 31 17 39 02
Date d'inscription : 11/01/2006
Re: TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
La suite dans "Manières d'être vivant" de Baptiste Morizot (Mondes sauvages)
Je suis dedans, je kiffe et je prête bientôt... (Un peu de trace de Loups et beaucoup de réflexions philosophiques, la place de l'homo sapiens sapiens dans la nature...)
Je suis dedans, je kiffe et je prête bientôt... (Un peu de trace de Loups et beaucoup de réflexions philosophiques, la place de l'homo sapiens sapiens dans la nature...)
clou de base- Nombre de messages : 2288
Localisation : Aubres 0645632686
Date d'inscription : 03/01/2009
Re: TOULOURENC : PRIVÉ VERSUS PUBLIC
[quote="clou de base" Un peu de trace de Loups
moi je les effacent
moi je les effacent
berni3d- Nombre de messages : 1909
Age : 56
Localisation : montfavet0614290636
Date d'inscription : 25/06/2012
clou de base- Nombre de messages : 2288
Localisation : Aubres 0645632686
Date d'inscription : 03/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum