[RECIT] Ma transdrômoise!!

Salut les copains, voici le récit de ma piteuse participation a la transdrômoise...:


Samedi 31 Aout 2008.
Delphine m'avais déjà chauffé pour faire la Transdrômoise, un parcours en vol ou marche au travers de la Drôme. Indécis comme je suis, je me décide enfin a m'inscrire deux jours seulement avant le départ de la course, et encore aà 21h!! Départ prévu Lundi 1er Septembre à St Martin-en-Vercors.
Dimanche, je fais vite un saut a la maison prendre 2-3 affaires, quelques courses, et quelques heures plus tard, nous voici enfin à St Martin. Une salle communale est a dispo, on y dort a meme le sol, avec le clcher a quelques metres qui sonne toutes les demi-heure, avec une pause de minuit à 6h du mat, malheureusement perturbée par des gros orages qui eclatent! Ca commence bien ! Apres une nuit pareille, pas facile d'etre en forme pour le départ. Je stresse un peu, je doute de mes capacités physiques pour entreprendre une telle aventure, mais très envie de faire du vol bivouac !

Lundi.
Levé aux aurores, préparatifs de l'accueil et vers 9h, les premiers « concurrents » débarquent, et à 10h tout le monde est la autour d'un café pour le briefing. Vu les conditions météo annoncées, avec au moins deux jours non volables d'orages mercredi et jeudi, la décision est prise de retirer les balises de contournement, ce sera donc une course au but jusqu'à Montbrun-les-bains, 94km au sud.

La voie directe, c'est en passant par Die, la motte chalancon, col de soubeyrand, Buc et arrivée...

Midi. Tous le monde est sur le déco, prêt a partir. On est dans les nuages...a la première trouée, un suiveur fait un vol témoin, suivi de Maxime qui nous annonce un plaf à 1300m...Le déco est à 1295m!! Ça a l'air porteur, les premiers pilotes s'élancent, je prépare ma sellette (duvet, tente, réchaud, bouffe, eau, bâtons de marche...!!), une dernière prevol et c'est parti! Délire, sortie déco directe au plaf, des que ça monte on rentre dans le nuage! Pas question de faire un gain d'altitude!
Dommage, ce sera un vol balistique, et 10km plus loin, ça redescend, pas possible de poser en hauteur pour cause de foret, je pose au fond de la vallée à St Agnan-en-Vercors. Super, c'est parti pour de la marche a pied avec un sac géant qui te cisaille les épaules!!! J'adore...
Apres environ 5km de marche sur route, on se retrouve cinq participants sur le bord de la route. Pierre Bayart nous explique qu'il veux monter traverser les hauts plateaux du vercors pour choper le creneau de vol des faces Est le matin suivant, selon les volants, la fameuse « autoroute » du vol libre. Vol qui pourrait nous mener avec un peu de chance jusqu'à Serres, voire Laragne!
C'est très tentant, d'autant plus que la météo annonce de l'Est le matin, et du Sud qui se lève dans l'aprèm. Un trip bien plus sauvage que de plonger sur le Diois...OK, c'est parti!
500m de dénivelé pour atteindre les plateaux, dur dur, mes mollets crient au secours, dans la derniere montée a chaque pas un début de crampe...Ca promet!! Je la sent mal la traversée du matin (8km, 600m de dénivelé dont 400 d'un coup a la fin pour monter au pas de la ville. Limite je veux déjà abandonner, sacré mental le gars! Après un coup de fil a ma chérie, remotivé, je décide d'avancer un max sur les plateaux avant la nuit pour avoir moins a marcher demain et etre plus frais pour me mettre en vol. Je repars donc et laisse les autres au bord du plateau, ou leur camions-relais sont bloqués. Seul Julien Wirtz m'a devancé sur les plateaux.
Magnifique, magique, envoutant, des mots pas assez forts pour décrire ce décor de rêves! Cinq kilomètres plus loin, c'est le bivouac-soupe chinoise au milieu d'une belle prairie entourée de sapins (ou peut être des mélèzes, je ne reconnais pas les arbres, honte à moi! (Florent me pardonnera j'espère!)). Je ne regrette pas, je vois la grosse montagne qui m'attend Demain (Le grand Veymont), il me reste 2 km et 400m de dénivellé, ça va pas être de la tarte, mais en partant tôt, je peux encore me reposer en attendant de pouvoir décoller sur les grosses falaises de la face Est. Parait-il que c'est une autoroute pour objets volants...ca fait rêver, on verras. Il y a un risque qu'avec l'humidité ambiante, on soit dans le nuage et qu'on ne puisse pas décoller, alors ce sera la merde...Mais c'est tellement beau, seul dans le silence total au milieu de nulle part. Je vois la fin d'un coucher de soleil au loin a travers les nuages...Instant magique...
La soupe est prête, il faut reprendre des forces. Waw, la soupe chinoise ça arrache!! Un bon coup de chaud pour la nuit. Il est maintenant 21h, plus une lueur à l'horizon, trois étoiles jouent à cache cache avec le nuage qui a envahi le plateau. Pas une lumière visible, pas un bruit (même pas un grillon!).
Le calme plat, la sérénité.
Je suis finalement bien content de ne pas dormir dans la vallée de Die!!
Va pas falloir Tarder a aller chauffer le duvet, la nuit risque d'être froide.

Mardi.
Nuit glaciale, duvet pourri, tout est trempé, je n'ai pas dormi. A 6h du mat, j'enfile ma combi de vol (le seul habit sec), je plie et je repars à marcher pour me réchauffer. Une fois chaud, je me remet mon t shirt mouillé et continue l'ascension. J'arrive au col à 8h, enfin un brin de soleil! La vue est grandiose, le mont Blanc apparaît au loin, et toutes les alpes devant moi, les vallées baignant dans la brume. Des nuages de chapeau sur les sommets en face témoignent d'un vent de Sud.Et des rafales d'Ouest dans le col.....Mauvais signe. Je déballe tout au soleil pour faire sécher, et j'attends les autres. Julien me rejoint à 9h juste au moment ou une femelle bouquetin et son bébé (trop mignon!) passent le col a moins de deux mètres de nous. Trop beau...
Quelques randonneurs passent, légers comme des plumes ( ça donne envie!), on discute. Très sympa, l'un d'entre eux me donne un litre d'eau (je suis déjà a court).
Il est clair que le sud est déjà levé, et qu'on est sous le vent du grand veymont. Julien décide de monter voir au sommet s'il peut décoller, il me tiendras au jus en radio. Les autres arrivent (Pierre, Sam et Matthieu). Les conditions au sommet sont fortes nous dit Julien, Sam monte quand meme le rejoindre. On hésite. Les faces Est s'allument, les aigles, vautours, chocars et autres volatiles nous montrent que les pompes sont là. Pierre monte un peu et tente un déco. Vu comme il se fait balader (il a du se faire un peu peur quand même!), ca nous refroidis direct, Matthieu et moi. Les bouffes d'Ouest sont toujours là, témoignant qu'on est quand meme bien sous le vent. Matthieu décide de repartir a pied pour retraverser le plateau et rejoindre le col de Rousset pour descendre sur Die en fin d'aprem. Moi j'observe le vol de Pierre, qui se retrouve contré par le sud, et pose en bas, à Gresse-en-Vercors. Bon ben on va pas aller se mettre en l'air, c'est parti pour la marche!! Julien et Sam redescendent a pieds coté Sud du grand Veymont.
Pause casse croute à une source sur le chemin, noté « périodiquement non potable ».Le dilemme. Je remplis quand même mes 3 litres pensant arriver rapidement sur un déco face Sud...Tu parles! Je marche de moins en moins vite, mon sac me cisaille les épaules m'obligeant a faire de nombreuses pauses. Je suis a bout et je rêve d'un déco. Je coupe au plus court vers les faces Sud, mais arrivé dessus, pas de déco possible, la foret s'arrête au niveau des falaises. Je dois longer la ligne de crêtes vers le col de Rousset (La marche vers Glandasse me semble impossible vu mon état de fatigue.).

Après une marche interminable, je me retrouve enfin sur des prairies d'altitude qui donnent sur les falaises vertigineuses, je vais enfin pouvoir décoller et redescendre en vallée chercher de l'eau (J'ai bu les trois litres d'eau non potable déjà!!).Il est déjà 19h, un voile masque le soleil, le sud souffle toujours sur les falaises, et la prairie dessus est orientée Ouest. Y'a moyen de gonfler en ouest et basculer sur les falaises. Chaud! Première tentative, je sens que je maitrise pas, je préfère recommencer. Je suis épuisé, a bout de forces. Deuxième tentative, c'est la bonne, la voile monte et s'oriente vers les falaises, je sens la portance, c'est parti, je me jettes dans le trou! Instant intense, 1200m de gaz sous les pieds en une seconde. Je m'installe dans la sellette, ouf! Enfin porté, en l'air, le bonheur!! l'air est calme, je fait un vol balistique sur Chamaloc, avec les chamois qui détallent dans les éboulis à mon passage. C'est beau. Je suis fatigué.
Une bonne approche, posé en douceur au plus pres du village, je me rue sur la fontaine et bois au moins un litre d'un coup. La nuit tombe déjà, je n'ai pas de nouvelles de Delf qui me fait le ravitaillement (je n'ai pas de suiveur...), pas de réseau...
Un coup de stop jusqu'à Die, tente trempée, trop tard pour l'hôtel et le camping, bon je vais déjà me faire un bon resto!!

Delf et Julien me retrouveront plus tard après avoir été crier dans le champs autour de Chamaloc (grâce au spot satellite).Cool, il y a une tente sèche dans le camion.

Demain orages, après demain aussi, mon corps me dit stop, impossible d'enchainer trois pas, alors deux jours de marche en perspective, je préfère abandonner ici la course.
Je suivrai les autres avec Delf en camion.
Ils ont la caisse les gars, des sacrés sportifs! Sam et Julien ont marché jusqu'à Glandasse après leur descente du grand Veymont, pour un vol jusqu'à Luc-en-Diois, Matthieu a volé du col du rousset plus tot et est parvenu jusqu'à Die, Michel avance droit vers le Sud, talonné par Phillippe et ses joyeux compagnons Suisses (« Le team « flying squirrel »!).

On se retrouvera tous au col de Pommerol (Sauf Michel qui a pris de l'avance), pour une super soirée auprès du feu dans un sympathique camping a l'abri du vent, mais pas des gros orages qui nous tombent dessus dans la nuit! Au programme de la soirée, vous l'aurez deviné, récits parapentesques divers, dont les incroyables aventures de Julien Wirtz lors de la Xalps (s'endormir en marchant jusqu'à tomber dans le fossé, ou encore se donner des baffes en l'air en thermiques pour ne pas s'endormir!).
Bref des gars surmotivés, prêts a aller jusqu'au bout de leurs forces.

J'ai encore du travail!!

Au final, cette aventure m'a montré qu'il fallait que je me remuscle un peu pour être un peu plus endurant, mais ça m'a redonné le goût de la marche quand même...Avec une bonne météo et des vols, c'est carrément a la portée de tous, et c'est une expérience vraiment très enrichissante, tant au niveau des rencontres qu'au niveau des pratiques de vol.(C'est génial de chercher un coin sauvage d'où décoller, de sortir des sentiers battus et des decos officiels!).

Bref, longue vie a la Trandrômoise, j'espère bien y voir une équipe des Ailes des Baronnies, et des Loups l'année prochaine!

Un gros gros merci a Maxime et à Delphine qui nous ont regardés partir et qui auraient bien voulu nous suivre dans cette aventure!


PS: La course n'est toujours pas terminée, rendez-vous demain a 18/h aux thermes de Montbrun pour la remise des prix!

A bientôt les amis!

Chapeau Olive !!!

Tout d'un coup, à la lecture de ton récit, je me sens tout petit, ...
(je sais, je sais, je ne suis dèjà pas très grand, ... )

Bravo pour ton courage, ça force le respect !

Merci SuperOlive pour ton récit
Sacrée expérience !
J'ai eu l'impression en te lisant que tu va replonger l'année prochaine ?

Super récit, belle expérience; qu'elle énergie!! Je me sent quasi sédimentaire a te lire...

et BRAVO a toi!

Trés bon récit qui montre que la transdromoise c'est du sport mais aussi des souvenirs pleins la tête...ça donne envie :poulet:

"....quand tu te coucheras, rassasié de mets délicats qui n’auront pas craqué sous la dent, désaltéré d’une eau incolore, sans poils de bouc, dans un lit de sybarite, sous un toit, au chaud, alors, au lieu de savourer durablement ta félicité, très vite, dès que la grosse fatigue de tes marches solitaires sera oubliée, alors tu te prendras à regretter tes rudes étapes, tes pieds écorchés, tes lèvres éclatées, tes sommeils, recroquevillé sous les étoiles.

Et a la premiere occasion, comme moi, tu repartiras...*

/*Théodore Monod*/